On le sait, il est plus courant pour le monde de l’innovation de raisonner en dépenses de Recherche et Développement (R&D) plutôt qu’en dépenses d’Innovation à proprement parler.
Cela s’explique selon nous par plusieurs facteurs, notamment, :
- par un meilleur consensus autour de la définition des activités de R&D, alors que les dépenses « d’Innovation » restent encore sujettes à discussion (la première version du Manuel d’Oslo de l’OCDE n’a été publiée qu’en 1992, 30 ans après le manuel de Frascati) ;
- par une certaine popularité du critère économique des « dépenses de R&D exprimées en pourcentage du PIB« , et notamment l’objectif européen de 3% défini il y a déjà plusieurs années (Stratégie dite « de Lisbonne »). Cliquez sur la carte pour agrandir (INSEE, 2011) ;
- parce qu’il semble acquis pour les économistes qu’il existe un lien réel et direct (voire proportionnel) entre les dépenses de R&D (privées pour le moins) et les activités d’Innovation, comme le montre la définition retenue par l’INSEE¹.
Il s’agit certes pour ce dernier point d’une appréciation statistique, et comme nous aurons l’occasion de le redire sur ce blog, parfois fausse au niveau de l’entreprise. Il n’en demeure pas moins que l’investissement en innovation est un indicateur plus moderne et probablement un indicateur économique d’avenir.
Le Centre pour la recherche économique européenne (ZEW) de Mannheim vient de publier son édition annuelle « Enquête sur l’innovation en Allemagne ». Celle-ci est menée pour le compte du Ministère de l’enseignement et de la recherche (source : www.bulletins-electroniques.com), et montre que chez nos voisins les dépenses d’Innovation ont dépassé 130 milliards d’euros en 2011. Selon cette étude, les dépenses pour l’innovation sont ainsi au global environ deux fois supérieures aux dépenses de R&D stricto sensu.
A notre connaissance, il n’existe pas d’enquête équivalente en France : le Ministère de la Recherche serait sans doute inspiré d’initier une telle démarche, afin de mesurer dans les années à venir le progrès accompli , notamment suite à la mise en place du Crédit d’Impôt Innovation. En attendant, rien n’empêche les entreprises de réfléchir à leur propre façon de mesurer leurs dépenses, et bien sûr le retour sur investissement de leurs investissements en innovation !
¹ « La R&D est un facteur clé de la croissance et de l’emploi à moyen terme, en étant la source d’innovations qui permettent un positionnement compétitif dans le développement de la société de la connaissance. »
L’illustration (via Wikimédia) est issue d’une recherche sur le verre au CERFAV