Malgré les bonnes volontés affichées et les discours convenus, la cohérence entre les politiques nationales d’aide à la recherche et à l’innovation et les politiques européennes sur le même sujet, est restée globalement chimérique, en France comme ailleurs. Difficile de croire que cela changera du jour au lendemain, ne serait-ce que pour des raisons de calendrier et de choix politiques locaux.
Et puis, que doit faire le gouvernement : renforcer les axes stratégiques européens au risque d’en exacerber les effets négatifs potentiels, ou au contraire venir compenser les insuffisances ou les « trous » des politiques européennes en agissant en local ?Bien entendu, la solution idéale, si elle existe, est quelque part entre ces deux extrémités – encore faut-il vouloir la chercher. Pour des raisons d’agenda politique ou de programmations pluri-annuelles, les décalages de phases peuvent être conséquents, voire incompatibles. On a ainsi vu en France les financements des « investissements d’avenir » venir – en partie – fragiliser temporairement la position de la France dans le PCRD (Programme Cadre de Recherche et Développement).
Il faut dire que même à échelon identique, la mise en musique est délicate : l’équilibre crédit d’Impôt / subventions en est un exemple au niveau français. La complémentarité encore plus que perfectible entre fonds structurels et programmes de soutien à la R&D est un autre exemple, au niveau européen cette fois. Et je ne parle même pas du très beau principe de subsidiarité, qui pourrait à lui seul justifier 3 ou 4 articles de blog.
Pour toutes ces raisons, la présentation le 21 mai par Mme Fioraso de l’agenda stratégique pour la recherche, le transfert et l’innovation, dont vous pouvez retrouver ici le verbatim, est prometteuse. Les enjeux principaux semblent identifiés, le calendrier global mis en phase (2020 servant d’horizon commun, si je peux me permettre le jeu de mot), et l’harmonie entre recherche fondamentale et innovation séduisante. Les principes, et c’est déjà beaucoup, semblent sains, et la nécessité de s’adapter aux enjeux européens ne semble pas poser de problème à Mme la ministre.
Les acteurs de la Recherche, qui attendent la période 2014-2020 avec impatience (et un soupçon d’appréhension) ont du être plutôt rassurés par ces positions françaises. Nul doute cependant qu’ils resteront vigilants quant à leur véritable application dans les années à venir.