A quoi servent les SATT ?

Cette question, qui a nécessairement été discutée un jour au cours d’un déjeuner de hauts fonctionnaires, d’un séminaire de consultants en politiques publiques, ou d’un colloque d’universitaires, voire lors d’un apéritif dînatoire réunissant tout ou partie de ces différents acteurs, n’a pas encore de réponse officielle.

Le Sénateur Philippe Adnot, qui bénéficie – je crois à juste titre – d’une large reconnaissance sur les sujets de la Recherche et de l’Innovation, apporte un début de réponse dans un rapport (provisoire mais déjà publié). Continuer la lecture

Crédit d’Impôt Recherche, Innovation et Schumpeter…

En parcourant, voici quelques mois, le rapport rédigé par un expert mandaté par le MESR pour évaluer le CIR d’une entreprise, je suis tombé sur cette assertion un peu étrange : « il s’agit sans doute d’innovation mais pas de recherche ». L’expert se prononçait sur le contenu d’un dossier technique justificatif franchement mal rédigé par un de mes (innombrables) confrères. La situation était plutôt dramatique car l’entreprise en question risquait d’être lourdement sanctionnée : il lui était demandé de restituer intégralement quatre années de CIR, ce qui aurait probablement conduit cette PME de 250 personnes dans une zone de danger sur le plan financier. Fort heureusement, après avoir accompagné cette belle société de la région lyonnaise en vue de décrire de manière plus juste ses travaux, plus de 90% du CIR des quatre années a été sauvé (et sans doute l’entreprise a-t-elle échappé à de graves ennuis financiers). Continuer la lecture

CIR 2015, les bonnes décisions se prennent dès aujourd’hui

DocumentsPour peu que vous soyez un utilisateur du CIR de type procrastinateur, ou bien débordé depuis 2 ans, ou encore mal conseillé, il se peut que votre préoccupation actuelle vis-à-vis du CIR se limite à la rédaction des dossiers justificatifs de 2013. Loin de moi l’idée de me moquer, ou de donner des leçons : la complexité du dispositif et son décalage dans le temps ouvrent la porte à ce genre de situations.

PLFToutefois, prenons le temps, à cette période où, pour beaucoup, les budgets se préparent et se discutent (voire se disputent !), de prendre un peu de recul sur le dispositif (1 à 2 heures peuvent suffire). Pour commencer, c’est le bon moment pour vérifier le projet de loi de finance, et les éventuelles propositions sur le Crédit d’Impôt Recherche. Vous verrez que 2015 devrait être assez calme sur ce sujet, la seule modification proposée à ce jour étant liée à l’augmentation de 30% à 50% du taux du CIR dans les DOM. Pour le reste, le CIR devrait être « sanctuarisé », pour reprendre les termes du gouvernement. Restez toutefois attentifs aux débats, propositions et amendements et, le cas échéant, évaluez en temps réel l’impact qu’aurait une modification du dispositif pour votre entreprise (une restriction de la prise en compte de la sous-traitance privée par exemple).

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CIR : préparer son contrôle (ceci n’est pas une menace !)

Hasard de l’actualité (ou pas ?), au moment même où certains communiquent sur les risques « insupportables » que font peser les contrôles fiscaux sur les utilisateurs du Crédit d’Impôt Recherche, le M.E.N.E.S.R. (puisque le M.E.S.R. a été fusionné avec l’Education Nationale) publie ces jours-ci un article publié sobrement : « CIR : préparer son contrôle ».

Au-delà de la maladresse de ce titre qui sonne malencontreusement comme une fatalité – voire un avertissement – pour les entreprises qui utilisent le dispositif, le ton adopté démontre plutôt une envie de désacraliser ce type d’événements, souvent mal perçus par les entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles. En lien avec les procédures de rescrit et les procédures de contrôle sur demande, on perçoit bien la volonté de l’administration de se prémunir contre les fraudes (et les critiques qui y sont associées, par exemple celle-ci), tout en se rapprochant d’une vision « adulte » de la procédure fiscale.

Au détour de ce texte, le ministère indique notamment, en répondant ainsi à un questionnement maintes fois formulé, qu’il n’appartient pas à l’expert de requalifier les dépenses de R&D en dépenses d’innovation et inversement. Il appartient à l’entreprise, si elle l’estime fondé, de faire une demande en ce sens auprès de la direction générale des Finances publiques (DGFiP). Voilà au moins un point qui devrait clarifier les choses pour les entreprises concernées, et qui sera à mettre en regard des sommes réellement déclarées au titre du Crédit d’Impôt Innovation.

Pour le reste, et les soupçons de fraude notamment, j’y reviendrai dans un prochain billet !

Le Guide 2014 du CIR est disponible

Cover_GuideCIR2014Ce n’est (presque) plus une information : le guide 2014 du CIR a été mis en ligne par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche début mars. Il est intéressant de constater que c’est presque 2 mois plus tôt que l’année dernière, et que l’on approche là de délais incompressibles du fait du calendrier législatif.

Bonne nouvelle, et cause probable de cette accélération du calendrier, le dispositif reste relativement stable par rapport à l’année dernière. Parmi les rares nouveautés, l’appréciation de la « stabilité de l’effectif salarié » s’effectue au niveau des seuls personnels de recherche. pour bénéficier de l’avantage « jeune docteur ».

Le guide 2015 sera-t-il aussi stable et aussi précoce ? Les paris sont ouverts.

La DGFiP publie une « notice pédagogique » pour simplifier le CIR

ConstructionLa mise en oeuvre du Crédit d’Impôt Recherche est rarement un exercice facile pour une entreprise qui l’utilise, que ce soit dans l’identification des projets éligibles, le calcul du crédit d’impôt, ou la justification des dépenses, en cas de contrôle notamment.

Même aidé ou accompagné, le dirigeant aimerait souvent pouvoir mieux comprendre ses droits, et les éventuels risques fiscaux liés à sa déclaration. C’est dans cette optique de simplification et de sécurisation que le ministère de l’économie et des finances a annoncé jeudi dernier (27 février), la publication d’une notice pédagogique sur la déclaration du CIR. Continuer la lecture

Oui, l’Etat doit continuer à soutenir l’innovation.

cordesLorsque j’ai la chance d’animer une formation sur les aides publiques à l’innovation, c’est une des questions que je pose souvent très tôt : « pourquoi, dans une économie sociale de marché (clin d’œil au traité constitutionnel européen), les états interviennent-ils pour soutenir la recherche et l’innovation privée ? ».

C’est une question qui donne d’ailleurs souvent lieu à des débats intéressants. Ma réponse est relativement simple : c’est parce que ce sont des activités (R&D) et des processus (innovation) qui ne se mettent pas en place du simple fait de la « loi du marché ». Cette idée, parfois contestée du fait notamment de certaines lourdeurs de l’appareil d’état (et donc de questions sur l’efficacité de l’argent public ainsi consommé), elle est défendue avec force dans une tribune très didactique d’André Grjebine (directeur de recherche à Sciences Po), parue dans le monde récemment (et en accès libre, profitez-en !) : L’Etat conserve un rôle majeur dans l’innovation.

Je ne vais pas paraphraser son article, que je vous invite donc à lire, mais je me range évidemment à ses côtés lorsqu’il prétend que plus les entreprises raisonnent à court terme, plus la légitimité de l’Etat sur ces sujets est forte. Il termine sa tribune par une question centrale, qui sort du champ technique et renvoie aux choix politiques : Reste à savoir comment éviter que les risques soient socialisés et les profits privatisés ? Sur ce soutien des politiques à la recherche et l’innovation, je rajouterais pour ma part 2 questions. La première : comment les décideurs politiques, et par là-même les citoyens, peuvent-ils décider quels thèmes et quelle formes d’innovation doivent être encouragés ? Je crois en effet que nous nous rendons compte aujourd’hui que si l’innovation est vertueuse en tant que pratique, toutes les innovations ne sont pas positives.

cheerleadersLa seconde, plus d’actualité, m’est inspiré par la politique volontariste, positive, mais parfois brouillonne de la France en matière d’innovation : comment les différents acteurs publics peuvent-ils mobiliser tous les efforts consacrés à l’innovation et à la recherche, sans qu’une partie significative ne soit investie dans un simple support formel ? Une sorte de « cheerleading » institutionnel dont une part essentielle consisterait à scander « IN-NO-VEZ » ou « EN-TRE-PRE-NEZ », et à se contenter d’applaudir quand une initiative individuelle aboutit.

 

Sélection des premiers « LabCom » par l’ANR

Nous en avions parlé ici il y a 3 mois. Les premiers Laboratoires Communs proposés dans le programme éponyme ont été sélectionnés, et annoncés aujourd’hui par l’ANR. Il y en a sept pour le moment (la liste est disponible ici, mais seule l’identité du coordinateur est rendue publique).

Une première liste certes un peu courte, mais sortie dans un délai plus que raisonnable ! Une initiative plus que jamais à suivre à notre avis.

Financement public de la recherche : la cour des comptes vise juste

RapportCC_France_juin2013C’est l’un des rapports les plus intéressants parus depuis longtemps sur le sujet : le document de la cour des comptes publié le 10 juin est un « must read » à propos de la recherche et de son financement public.

C’est évidemment sous l’angle des chiffres que la cour des comptes aborde le sujet. Et certains d’entre eux sont sans équivoques (la part relative de la France dans le PCRD par exemple), d’autres plus surprenants : je pensais par exemple que la part des financements « sur projets » dans le volume global était plus élevé (moins de 15% en réalité).

Les 5 recommandations principales sont, il faut bien l’avouer, un peu incantatoires. Mais elle devraient pour le moins faire réagir, voire créer quelques polémiques :

  1. Mieux retracer, fiabiliser et programmer le financement public
  2. Poursuivre le développement du financement sur projets
  3. Se remobiliser pour obtenir plus de crédits européens
  4. Améliorer la gestion des établissements
  5. Renforcer les retombées économiques

Nous reviendrons plus longuement sur le rapport et ses propositions. Vous pouvez en attendant le télécharger sur le site de la cour des comptes en cliquant sur l’image ci-dessus. Bonne lecture !

Manifeste pour une fédération des services à l’innovation

Serment_du_Jeu_de_Paume_David_détailL’économie de l’innovation est, en elle-même, une innovation majeure. Véritable changement dans les pratiques industrielles et commerciales, elle jouera également un rôle primordial dans les évolutions sociétales futures.

Sur les questions de la croissance, de l’éducation, de la participation citoyenne, de l’environnement, du vieillissement et bien sûr de la santé, les pratiques innovantes, technologiques ou non, vont se multiplier.

J’y reviendrai dans une autre note, mais je ne pense pas que cette évolution vers plus d’innovation soit bonne ou mauvaise en soi. Par contre, ce qui est certain c’est qu’elle peut être plus ou moins fertile et créatrice d’emplois qualifiés. Continuer la lecture