OSEO vient d’annoncer (lire ici) le lancement du préfinancement du CIR (Crédit d’Impôt Recherche) à destination des PME. Une heureuse initiative, unanimement saluée et présentée comme une bouffée d’oxygène pour la trésorerie des PME concernées (PME au sens communautaire, ce qui limite quand même la portée du dispositif).
En quelques mots, et selon les informations déjà disponibles, les PME vont pouvoir emprunter 80% du montant estimé de leur CIR dès le début de l’année concernée, puis rembourseront sur deux ans, après 18 mois de différé (au cours duquel elles paierons des intérêts).
Certes, la faiblesse de trésorerie des PME n’est pas traitée à la racine (la cause réelle est plutôt la sous-capitalisation) mais ce n’est pas notre propos du jour…
Donc, les entreprises concernées vont pouvoir estimer leurs dépenses de R&D, et devront sans doute bâtir un dossier justificatif ou faire en parallèle une demande de rescrit fiscal (sinon, que se passerait-il si les dépenses s’avéraient inéligible ?). En d’autres termes, il s’agit d’identifier des projets et des activités (veille, normalisation, etc.), d’y allouer des ressources (personnel et équipements), de s’assurer de l’agrément des sous traitants, etc. Quand à l’éligibilité, puisqu’elle devra être estimée « ex ante », il n’y aura pas d’autre solution que de construire un état de l’art solide et de doter chaque projet d’objectifs clairs.
Dès lors, l’opportunité d’amorcer un cercle vertueux est bien réelle : puisqu’on bénéficie d’une avance de trésorerie, profitons-en pour joindre l’utile à « l’agréable » : vérifier qu’il n’existe pas déjà des solutions éprouvées « ailleurs », travailler avec un expert du domaine pour définir des enjeux scientifiques et sécuriser le CIR, caractériser les projets en fonction de leur degré d’innovation (ou de risque, c’est comme on veut). Bref, mettre un peu de « lean » et d’innovation ouverte dans le système, se doter d’un tableau de bord de la R&D, piloter la R&D et enfin piloter un processus d’innovation.
Pour ceux qui accompagnent les PME dans l’établissement de leur CIR, ce pourrait être une véritable révolution culturelle : être présents dès le lancement des projets au lieu d’arriver, comme souvent aujourd’hui, après la bataille, c’est à dire au moment de rédiger la déclaration fiscale. Accompagner l’entreprise, la conseiller dans ses choix, notamment de partenaires. L’amener vers l’innovation ouverte, vers un pilotage de la R&D et du processus d’innovation. Bref, un nouveau métier !