Benkei a participé aux IDEAS DAYS, organisés les 2 et 3 juillet à Grenoble par l’IDEAS LABORATORY, open lab créé par le CEA. Deux jours pour réfléchir ensemble, avec le CEA, les membres fondateurs et les entrepreneurs présents lors de ce rassemblement, inondé par un chaud soleil.
Le sujet, “l’innovation et les technologies pour le climat” a été cadré par la keynote inaugurale de Jean Louis Etienne venu présenter son “Polar pod”, rafraîchissant projet d’exploration des courants océaniques autour de l’antarctique. L’explorateur a su faire preuve de pédagogie pour nous exposer les défis à venir du changement climatique.
“La terre a pour l’instant une fébricule, une petite fièvre, 37,8°C. Il nous faut unir nos efforts pour en maîtriser les conséquences et éviter l’aggravation.”
Ces deux journées ont été riches d’enseignements sur la responsabilité sociétale des entrepreneurs et des concepteurs d’innovation. L’ensemble des contributions posait finalement la question de la prise en compte et de la maîtrise de trois effets peu connus, mais inhérents à l’innovation : l’effet systémique, l’effet rebond et l’effet déploiement.
- L’effet Systémique
Que se passe-t-il si vous avez la chance de voir votre innovation largement acceptée, diffusée, son utilisation s’étendant au-delà de vos espérances? Le rêve de tout inventeur, n’est-ce pas? Le rêve, vraiment ? Cela ne pourrait-il pas tourner au cauchemar ?
Marc Duranton, du CEA LIST, nous avertit sur le futur de l’internet des objets et de sa massification, et des quantités de données appelées à transiter par les réseaux. Ne vaut-il pas mieux, dès lors, passer du “cloud computing” où un serveur à Singapour s’occupe d’allumer ou d’éteindre votre ampoule intelligente à la notion de “fog computing” où l’on traitera la donnée au plus près des capteurs et actionneurs ? On évitera ainsi d’alourdir inutilement la charge des réseaux, sans parler du respect de la vie privée grandement amélioré par ce système, le propriétaire du système étant naturellement propriétaire de ses données, plus besoin de RGPD !
Rogelio Lozano, de la société Bladetips Energy illustre également une vision holistique des problématiques à résoudre, avec des éoliennes volantes économisant 70% d’énergie et de matériaux pour leur construction, prenant ainsi à contre pied la course actuelle au gigantisme dans le domaine.
- L’effet Rebond
Lorsqu’une innovation amène une économie de ressource ou d’énergie, ces gains potentiels sont en réalité souvent partiellement ou complètement comblés par l’évolution concomitante des usages.
C’est le cas, par exemple, dans le secteur du bâtiment, où les gains énergétiques réalisés sur les construction neuves ont atteints 300% en 20 ans, mais où dans le même temps les usages domestiques ont grandement augmenté du fait de l’apparition des nouvelles technologies (nos grands écrans plasma “smart” (>106cm) sont en réalité plus consommateurs que nos bonnes vieilles télés cathodiques !)
Mais la filière du bâtiment s’organise, avec la mise en avant de l’économie circulaire et la priorité donnée à la facilité de la déconstruction, qu’a présentée Benjamin Laclau de Nobatek.
Yann Cartal de Linkcity présentait lui le projet “ABC” qui sera implanté à Grenoble : un bâtiment à énergie positive qui recycle l’eau et l’énergie, et fait la part belle aux usages communs.
L’effet rebond, c’est aussi Philippe Vion-Dury, rédacteur en chef du magazine Socialter et Bertrand Laboureau, dirigeant de Logomotion, qui nous démontrent le poids de l’immatériel, c’est à dire les conséquences environnementales des logiciels et pages webs mal conçus et la nécessité, pour tous, d’adopter une démarche d’éco-conception dans le domaine de l’IT, ne serait-ce que pour que nous ayons encore dans le futur les moyens d’entretenir toutes nos infrastructures numériques.
- L’effet Déploiement
L’effet déploiement se conçoit lorsqu’une innovation n’est pas en phase avec les usages existants, et/ou son écosystème. C’est le cas de la robotique, évolution naturelle de la technique dans nos sociétés, mais au potentiel disruptif tellement important que nous peinons à en conceptualiser l’usage et l’impact futur. Ce domaine a grandement animé les débats lors de ces deux journées. Xavier Basset, CEO de la société Hoomano (accompagnée par Benkei par ailleurs) a brillamment présenté les défis se posant aux ingénieurs concevant les intelligences artificielles.
Comment interagir naturellement avec des robots, comment concevoir des “personnalités” attachantes sans pour autant remplacer ou appauvrir les interactions humaines ? Dans un domaine où tout reste à imaginer, la responsabilité éthique et sociétale des “fondateurs pionniers” est capitale, leurs innovations ayant la capacité de façonner notre monde pour les 30 prochaines années !
Un mot de la fin pour ces deux jours ? Ce sera plutôt 3, tant les rencontres étaient riches. D’abord les usages, car même si l’on parle de “techs for climate” les usages sont plus que jamais au centre des innovations. Puis les low techs, tant celles-ci sont revenues de manières continues dans nos discussions. Enfin, l’économie circulaire, appelée à jouer un rôle de premier ordre dans la maîtrise de l’impact de notre développement sur la biosphère.