Oui, l’Etat doit continuer à soutenir l’innovation.

cordesLorsque j’ai la chance d’animer une formation sur les aides publiques à l’innovation, c’est une des questions que je pose souvent très tôt : « pourquoi, dans une économie sociale de marché (clin d’œil au traité constitutionnel européen), les états interviennent-ils pour soutenir la recherche et l’innovation privée ? ».

C’est une question qui donne d’ailleurs souvent lieu à des débats intéressants. Ma réponse est relativement simple : c’est parce que ce sont des activités (R&D) et des processus (innovation) qui ne se mettent pas en place du simple fait de la « loi du marché ». Cette idée, parfois contestée du fait notamment de certaines lourdeurs de l’appareil d’état (et donc de questions sur l’efficacité de l’argent public ainsi consommé), elle est défendue avec force dans une tribune très didactique d’André Grjebine (directeur de recherche à Sciences Po), parue dans le monde récemment (et en accès libre, profitez-en !) : L’Etat conserve un rôle majeur dans l’innovation.

Je ne vais pas paraphraser son article, que je vous invite donc à lire, mais je me range évidemment à ses côtés lorsqu’il prétend que plus les entreprises raisonnent à court terme, plus la légitimité de l’Etat sur ces sujets est forte. Il termine sa tribune par une question centrale, qui sort du champ technique et renvoie aux choix politiques : Reste à savoir comment éviter que les risques soient socialisés et les profits privatisés ? Sur ce soutien des politiques à la recherche et l’innovation, je rajouterais pour ma part 2 questions. La première : comment les décideurs politiques, et par là-même les citoyens, peuvent-ils décider quels thèmes et quelle formes d’innovation doivent être encouragés ? Je crois en effet que nous nous rendons compte aujourd’hui que si l’innovation est vertueuse en tant que pratique, toutes les innovations ne sont pas positives.

cheerleadersLa seconde, plus d’actualité, m’est inspiré par la politique volontariste, positive, mais parfois brouillonne de la France en matière d’innovation : comment les différents acteurs publics peuvent-ils mobiliser tous les efforts consacrés à l’innovation et à la recherche, sans qu’une partie significative ne soit investie dans un simple support formel ? Une sorte de « cheerleading » institutionnel dont une part essentielle consisterait à scander « IN-NO-VEZ » ou « EN-TRE-PRE-NEZ », et à se contenter d’applaudir quand une initiative individuelle aboutit.

 

L’entrepreneuriat accessible à tous ! – le MOOC Effectuation

Cette semaine a débuté le MOOC « Effectuation », proposé par l’EM Lyon et animé par Philippe Silberzahn. Le blog de ce dernier est d’ailleurs une référence sur l’innovation (vous pouvez, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, le retrouver ici).

Fervent utilisateur du système des MOOCs (et intéressé plus que jamais par les questions sur l’entrepreunariat !) je me suis donc inscrit à ce cours. J’ai notamment relevé, dans cette première semaine dédiée à la démythification de l’entrepreneuriat, l’affirmation plusieurs fois répétée que « Tout individu peut être entrepreneur« , qui a donné son titre au présent billet.

Plus généralement, les premières vidéos et les échanges que j’ai pu lire m’ont vraiment plu : concepts simples mais pas simplistes, légèrement iconoclaste, et pas d’esbroufe comme on peut le craindre parfois sur ce type de sujets. Bref, je conseille vivement à tous ceux intéressés par l’entrepreneuriat ET l’intrapreneuriat  de sauter dans le train (les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 14 novembre), d’autant plus que l’effort demandé reste raisonnable : les concepteurs prévoient 2 h par semaine de temps à consacrer, et ce sur 5 semaines. On verra ce que réservent les semaines à venir, mais je ne vois pas comment le retour sur investissement pourrait être négatif !

Dernier point, ce MOOC est hebergé sur la plateforme UNOW, du nom de la start-up du même nom spécialisée dans les MOOC et qui est déjà intervenue sur l’excellent MOOC « ABC de la gestion de projeté, animé par Rémi Bachelet pour le compte de Centrale Lille. Je manque de recul sur la plateforme, qui s’apparente sur la forme Canvas, mais j’ai déjà noté le système de prise de note collaborative via Google Docs parmi les points positifs de l’expérience utilisateur.

 

Le rapport « Lauvergeon », et maintenant ?

C’est un rapport qui était attendu par le monde de l’Innovation, autant par curiosité – à quoi un tel rapport peut-il ressembler ? – que par intérêt. Voire, avec un peu de crainte pour les secteurs qui craignaient d’être oubliés. Et ce d’autant plus que le rapport dit « Beylat-Tambourin », sorti avant l’été, était plutôt de bonne facture.

Rapport LauvergeonAutant le dire, ce rapport, issu de la Commission « Innovation 2030 » et téléchargeable ci-contre, laisse un sentiment mitigé. Il s’avère relativement simple dans son approche, et radical dans ses choix : 7 « ambitions » sont retenues, dont on ne sait pas trop s’il s’agit d’une liste exhaustive des priorités, ou d’un compléments aux plans industriels déjà existants.

Ces 7 ambitions (on notera que les énergies renouvelables ne sont pas présentes) sont les suivantes :

  1. Stockage de l’énergie
  2. Recyclage des matières
  3. Valorisation des richesses marines
  4. Protéines végétales et chimie du végétal
  5. Médecine individualisée
  6. Silver économie
  7. Valorisation des données massives (Big Data)

Au delà de cette sélection drastique, qui semble devoir se concrétiser par des concours d’innovation aux dotations importantes, le rapport veut introduire une notion de « principe d’innovation » dont le but serait d’équilibrer le « principe de précaution ». Concrètement, je ne vois pas très bien ce que ça signifie, donc je vous laisse la définition in extenso qu’en fait la Commission : Reconnaître que l’innovation est essentielle au succès économique, accorder un accueil favorable à la nouveauté, simplifier les procédures, encourager l’expérimentation, alléger les normes, consacrer une part significative des commandes publiques à des propositions innovantes, faire preuve de constance dans les politiques publiques, valoriser la prise de risque et son corollaire, l’échec, dans le système éducatif, etc., sont autant de mesures que la Commission recommande d’inscrire dans un principe d’innovation, qui équilibre le principe de précaution. Ce principe, promu au plus haut niveau de l’État, peut constituer un fil directeur commun à une politique d’avenir ambitieuse, résolument engagée dans l’avenir, et montrer aux entrepreneurs que l’État soutient leurs initiatives.

Chacun se fera sa propre opinion, mais ce rapport pourrait malheureusement, confirmer son propre diagnostic : il existe en France des pesanteurs et des fonctionnements peu propice à l’innovation. Une Commission comme celle-ci est-elle un avatar de cet état de fait, ou le premier pas pour sortir d’une spirale plutôt négative ? Rendez-vous en 2030 pour en parler !

Sélection des premiers « LabCom » par l’ANR

Nous en avions parlé ici il y a 3 mois. Les premiers Laboratoires Communs proposés dans le programme éponyme ont été sélectionnés, et annoncés aujourd’hui par l’ANR. Il y en a sept pour le moment (la liste est disponible ici, mais seule l’identité du coordinateur est rendue publique).

Une première liste certes un peu courte, mais sortie dans un délai plus que raisonnable ! Une initiative plus que jamais à suivre à notre avis.

Livre blanc : les études stratégiques de l’innovation

LivreBlanc-MIDans un précédent article, nous avions posé la question « existe-t’il un marketing de l’innovation ? » (http://innoblog.fr/?p=227).

L’Association des conseils en innovation (http://www.asso-conseils-innovation.org) apporte sa contribution au débat, en publiant ces jours-ci un court mais intéressant « Livre blanc sur les études stratégiques de l’innovation ». (Cliquez ici ou sur l’image ci-contre pour télécharger ce rapport).

L’association décrit – et illustre par des témoignages – les besoins en études marketing lors des 4 étapes principales du processus d’innovation :  détection, exploration, validation et développement. Parmi les recommandations formulées, la prise en compte des dépenses liées à la réalisation d’études stratégiques et marketing dans le calcul de l’assiette du Crédit Impôt Innovation (mesure réservée, rappelons-le, aux PME). Cela aurait pour intérêt de limiter la charge financière pour les entreprises qui étayent leurs processus d’innovation par des études stratégiques sérieuses, mais aussi de reconnaître l’importance de ce type d’études dans le succès des démarches innovantes de ces entreprises.

Quand l’innovation déçoit.

Accenture_studyLowRiskC’est un article d’Aurélie Barbaux (Les grandes entreprises déçues par leurs efforts d’innovation), citant une étude d’Accenture, qui m’incite a écrire cette note de blog. Cette étude d’Accenture établit un double constat, tout à la fois encourageant et négatif.

Pour la partie encourageante, l’étude, menée en France, Royaume-Uni et Etats-Unis, confirme que l’innovation est une pratique perçue comme essentielle par les dirigeants. 93% considèrent que la capacité d’innover est indispensable pour le succès à long terme de l’entreprise. 70% identifient d’ailleurs l’innovation comme étant dans le « top 5 » de leurs priorités. Continuer la lecture

Financement public de la recherche : la cour des comptes vise juste

RapportCC_France_juin2013C’est l’un des rapports les plus intéressants parus depuis longtemps sur le sujet : le document de la cour des comptes publié le 10 juin est un « must read » à propos de la recherche et de son financement public.

C’est évidemment sous l’angle des chiffres que la cour des comptes aborde le sujet. Et certains d’entre eux sont sans équivoques (la part relative de la France dans le PCRD par exemple), d’autres plus surprenants : je pensais par exemple que la part des financements « sur projets » dans le volume global était plus élevé (moins de 15% en réalité).

Les 5 recommandations principales sont, il faut bien l’avouer, un peu incantatoires. Mais elle devraient pour le moins faire réagir, voire créer quelques polémiques :

  1. Mieux retracer, fiabiliser et programmer le financement public
  2. Poursuivre le développement du financement sur projets
  3. Se remobiliser pour obtenir plus de crédits européens
  4. Améliorer la gestion des établissements
  5. Renforcer les retombées économiques

Nous reviendrons plus longuement sur le rapport et ses propositions. Vous pouvez en attendant le télécharger sur le site de la cour des comptes en cliquant sur l’image ci-dessus. Bonne lecture !

Manifeste pour une fédération des services à l’innovation

Serment_du_Jeu_de_Paume_David_détailL’économie de l’innovation est, en elle-même, une innovation majeure. Véritable changement dans les pratiques industrielles et commerciales, elle jouera également un rôle primordial dans les évolutions sociétales futures.

Sur les questions de la croissance, de l’éducation, de la participation citoyenne, de l’environnement, du vieillissement et bien sûr de la santé, les pratiques innovantes, technologiques ou non, vont se multiplier.

J’y reviendrai dans une autre note, mais je ne pense pas que cette évolution vers plus d’innovation soit bonne ou mauvaise en soi. Par contre, ce qui est certain c’est qu’elle peut être plus ou moins fertile et créatrice d’emplois qualifiés. Continuer la lecture

France Europe 2020 – enfin la convergence ?

drapeauxMalgré les bonnes volontés affichées et les discours convenus, la cohérence entre les politiques nationales d’aide à la recherche et à l’innovation et les politiques européennes sur le même sujet, est restée globalement chimérique, en France comme ailleurs. Difficile de croire que cela changera du jour au lendemain, ne serait-ce que pour des raisons de calendrier et de choix politiques locaux.

Et puis, que doit faire le gouvernement : renforcer les axes stratégiques européens au risque d’en exacerber les effets négatifs potentiels, ou au contraire venir compenser les insuffisances ou les « trous » des politiques européennes en agissant en local ? Continuer la lecture

Lien : « rente relationnelle » pour l’Innovation ouverte ?

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L’innovation ouverte et collaborative repose, par nature, sur l’intervention d’acteurs extérieurs. Sous-traitants ou partenaires, organisations ou individus, connus ou relativement « anonymes », etc. Cet article de blog prétend que le secret de la réussite de l’innovation ouverte, c’est peut-être la fidélité !

Sans être aussi catégorique, nous ferons volontiers nôtres les injonctions de passer d’un « échange transactionnel » « à un échange relationnel » pour l’innovation collaborative, ainsi que le concept de « rente relationnelle », qui, bien que limité par les risques de routine, traduit les avantages d’une relation de coopération établie  a minima sur le moyen terme. D’expérience, les résultats concrets de l’innovation ouverte et collaborative deviennent souvent significatifs 1 à 2 ans après leur mise en place.

Quoi qu’il en soit, nous vous invitons à lire l’article complet ici : http://open-your-innovation.com/fr/2013/05/01/the-secret-to-perform-open-innovation/